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400 000 arbres plantés au Kenya : le reportage de notre mission sur le terrain

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Fin juillet, une équipe de Reforest’Action s’est rendue au Kenya afin de réaliser une visite de suivi de notre projet de reforestation. La rencontre avec Trees For Kenya, notre partenaire local, nous a permis d’assurer le suivi du projet et d’en constater l’impact concret pour les populations locales et l’environnement sur le terrain, afin de continuer à développer ce projet au mieux dans les années à venir.

A la rencontre de notre partenaire local

C’est une vague de fraîcheur et d’humidité qui nous accueille lorsque nous arrivons dans le comté de Embu, au nord-est de Nairobi. Loin des paysages secs et plats de la savane masaï, l’équipe de Trees For Kenya nous souhaite la bienvenue sous le couvert d’une luxuriante forêt aux couleurs riches et profondes. Active depuis 2012, cette organisation aujourd’hui composée de 8 membres permanents s’occupe des pépinières, de l’identification des parcelles de plantations, et supervise les plantations agroforestières et dans les écoles. Ayant déjà planté plus de 350 000 arbres depuis leur création, elle a vu sa demande croître exponentiellement, notamment dans le cadre de son partenariat avec Reforest’Action, passant ainsi de 80 000 arbres à 410 000 arbres à planter en un an. Nous accompagnons aujourd’hui Stéphane Hallaire pour constater l’évolution de ce projet essentiel à la reforestation du Mont Kenya, à l’amélioration du niveau de vie des fermiers qui plantent en agroforesterie et à la sensibilisation des écoliers à la plantation d’arbres. Paulino, le porteur de projet à la tête de Trees For Kenya, et David, le project manager, nous emmènent voir les fermiers qui participent à la partie agroforesterie du projet.

Former les populations locales aux enjeux de la reforestation grâce à l’agroforesterie

Le court trajet en voiture nous permet d’admirer les plantations de thé et de café qui défilent à perte de vue ; Paulino nous explique cependant que les agriculteurs produisent une denrée qu’ils ne peuvent pas se permettre financièrement. La production, la récolte et la vente de la matière première aux fabriques de thé ou de café gouvernementales ne leur laissent pas suffisamment de revenu pour pouvoir s’offrir une tasse de ce café pourtant si réputé au Kenya. L’agroforesterie, c’est-à-dire la plantation d’arbres au milieu de parcelles agricoles, apparaît donc comme une solution autant sociale qu’environnementale. La plupart des agriculteurs possèdent 1 ou 2 hectares de terre, et en utilisent 75% pour la production destinée à la vente, contre 25% pour leur usage quotidien (c’est sur cette terre qu’ils habitent, élèvent un peu de bétail, notamment). Avec presque 400 arbres par hectare d’agriculture, l’agroforesterie leur permet ainsi, non seulement de limiter l’érosion des sols, de retenir l’écoulement des eaux et de réduire la force du vent, mais aussi de produire leur propre fourrage pour leur bétail ou de produire des fruits à consommer ou à vendre sur le marché. A ce titre, le choix des essences à planter est essentiel. « Je plante des avocatiers car ils me donnent plus de fruits par an que les bananiers par exemple », nous explique Anderson Nyaga, un des agriculteurs qui participe au projet agroforestier.

Trees For Kenya fournit ainsi les agriculteurs avec des essences variées : les avocatiers et les calliandras sont des essences privilégiées par les agriculteurs, la première car elle donne beaucoup de fruits, la deuxième parce qu’elle permet de produire du fourrage pour le bétail, mais on trouve aussi de nombreux autres arbres fruitiers (macadamia, fruits de la passion, manguiers…). C’est d’ailleurs chez David, planteur de père en fils, que nous goûtons les meilleurs fruits de la passion de notre vie. En nous montrant d’une main les arbres qui l’entourent, il explique de l’autre la tradition familiale qu’est la plantation d’arbres dans sa famille, et nous emmène voir un magnifique arbre planté par son père il y a plus de 50 ans. Il nous en parle avec passion, ajoutant à ses propos sur les bienfaits des arbres (tels que le retour de la faune locale, le loquat permettant aux oiseaux de se poser et de se nourrir) une note plus personnelle sur la beauté des arbres et la nécessité de les planter, tant pour l’environnement que pour le corps et l’esprit. Il est le premier agriculteur à nous parler de l’influence de Wangari Maathai, « la femme qui plantait des arbres », première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la Paix pour son engagement en faveur du développement durable et contre la déforestation au Kenya. Ce nom qu’évoque David nous ramène un bref instant à Rueil, dans les bureaux de Reforest’Action, où un portrait de Wangari Maathai trône fièrement. Il rappelle aussi la nécessité de transmettre, d’instruire, d’étendre la pratique de l’agroforesterie à de plus en plus de fermiers, et de les guider dans leur engagement.

C’est dans ce but que Trees For Kenya a mis en place un système de « leading farmer », une petite communauté de fermiers dont le rôle n’est pas simplement de planter des arbres dans leurs propres parcelles agricoles, mais aussi de réunir autour d’eux d’autres agriculteurs et de les accompagner, d’être l’intermédiaire entre l’équipe encore réduite de Trees For Kenya et les fermiers. Ils sont aujourd’hui 20 à remplir ce rôle, supervisant chacun une équipe d’environ 25 fermiers.

Sensibiliser les générations futures

Les « leading farmers » jouent un important rôle de transmission, d’éducation et de sensibilisation : cette sensibilisation est d’autant plus importante qu’elle permet d’augmenter le nombre d’acteurs de la reforestation, mais aussi de former les nouvelles générations aux enjeux de la reforestation à grande échelle. C’est pourquoi une partie du projet au Kenya a lieu dans une école maternelle et primaire. Nous sommes accueillis par Joyce, la directrice de la Kind Shepherd School, et Moses, le professeur d’agriculture qui supervise la plantation d’arbres. Joyce nous raconte les bénéfices que les arbres ont apporté à son école en particulier, et insiste sur l’aspect concret de ces changements : « J’aimerais avoir des photos de l’école pour pouvoir montrer l’avant/après de la plantation. Les arbres rendent l’endroit plus beau, plus agréable à vivre, ils ont vraiment changé l’école en plus d’avoir un impact positif sur l’environnement. »

Les écoliers aussi sont prompts à parler des bénéfices des arbres : de plus, beaucoup nous racontent qu’après avoir commencé à planter des arbres à l’école, ils ont encouragé leurs parents à faire de même chez eux. Ils sont curieux et enjoués, posent de nombreuses questions à Stéphane et partagent leur ressenti personnel sur le changement apporté par les arbres. La chaleur dans cette région est éprouvante, autant pour les hommes que pour l’environnement et l’agriculture : les arbres apportent ainsi une fraîcheur bienvenue et permettent de retenir l’eau. C’est à l’ombre de l’un d’eux que nous nous asseyons pour discuter et en apprendre plus sur ce que les écoliers retirent de ce projet, avant de les quitter à regret.

Participer à la reforestation de la forêt du Mont Kenya

Pour notre dernier jour, nous quittons les routes poussiéreuses du comté de Tharaka Nithi pour la forêt tropicale du Mont Kenya, où se trouve la troisième partie du projet. Victime d’une importante déforestation entre les années 1960 et la fin des années 1990 et incapable de se régénérer naturellement, la forêt du Mont Kenya fait désormais partie d’un plan de reforestation. L’équipe de Trees For Kenya y plante entre autres des chênes gris, des cèdres roses, des prunus africains afin de reboiser cette forêt, mais aussi d’y faire revenir la faune locale (éléphants, buffles des montagnes…). Paulino nous emmène dans l’une des trois zones de reforestation du Mont Kenya : c’est l’occasion de rencontrer de nouveaux membres de l’ONG et de voir le nouveau visage, jeune et vert, de cette forêt en croissance. Trees For Kenya replante actuellement plus de 60 000 arbres sur les 20 hectares du projet. Les effets de la reforestation se font déjà ressentir : nous entendons les oiseaux chanter, apercevons quelques singes sauter d’un arbre à l’autre au-dessus de nos têtes.

La journée se termine avec la visite de la pépinière que Nancy, qui travaille également pour Trees For Kenya, supervise. Située juste à côté d’une plantation de thé, elle permet aux villageoises qui s’occupent de la pépinière de récolter les feuilles de thé dans le même temps ; ces dernières nous accueillent en chantant et nous souhaitent la bienvenue en nous montrant leur magnifique pépinière. Les nombreuses pousses déclinent toutes les nuances du vert tandis que les jupes colorées des villageoises viennent parfaire le tableau qui conclut notre voyage. Notre séjour s’achève ici, au milieu des jeunes pousses qui continueront à participer à la reforestation de la région du Mont Kenya.