De 2019 à 2021 : bilan de trois années d’action
Le projet amorcé en septembre 2019 poursuivait deux objectifs principaux, articulés autour de deux volets distincts. Retour sur les trois premières années du projet et les bénéfices générés.
Volet 1 : développer l’agroforesterie
Ancré dans la région de Porto Velho, capitale du Rondônia, le premier volet du projet a permis de planter un peu plus de 123 000 arbres en agroforesterie sur 110 hectares agraires, entre 2019 et 2020.
Au sein de parcelles familiales privées et sur des terres indigènes, la mise en place de systèmes agroforestiers visait à établir un modèle d’agriculture durable face à l’étendue des cultures monospécifiques de soja et des zones d’élevage de bétail, responsables de la déforestation. En lien avec les communautés, l’ONG Rioterra est parvenue à convaincre les agriculteurs et les populations autochtones de la nécessité d’intégrer différentes essences forestières et fruitières à leurs terres agricoles. Les bénéfices sont en effet nombreux : protéger leurs plantations, enrichir les sols, mais aussi générer des revenus complémentaires et stables.
Volet 2 : créer des forêts comestibles
Initié en octobre 2020, le second volet du projet a rendu possible la restauration d’anciens pâturages illégalement dégradés. Au total, 251 000 arbres de 56 essences indigènes différentes ont pris racine sur 139 hectares de la réserve extractiviste - légalement protégée - de Rio Preto Jacundá.
Le projet de restauration a marqué la première opération de récupération à grande échelle de la flore indigène amazonienne. Dans le but d’associer restauration des écosystèmes naturels et développement socio-économique des communautés, une sélection d’essences fruitières indigènes a été plantée, aboutissant à la création de forêts comestibles. En accès gratuit et illimité, la production de fruits issus des arbres contribue d’ores et déjà, et contribuera, à préserver la sécurité alimentaire des populations traditionnelles qui vivent dans la réserve depuis des générations.
Depuis 2022 : soutien à l’initiative de la CBCA
La saison de plantation 2022-2023, qui a démarré en août 2022, s’inscrit dans une zone de 250 hectares récemment octroyée à CES Rioterra, dont les terres ont été illégalement déboisées et dégradées par l'élevage intensif de bétail. Malgré un nouveau tournant, l’objectif du projet reste intact : restaurer le couvert forestier amazonien, préserver sa biodiversité et améliorer les conditions économiques des bénéficiaires.
Agir pour la forêt primaire amazonienne
La production des plants en pépinière, le travail des sols et la plantation des arbres se sont déroulés en octobre et novembre 2022. La nouvelle saison du projet a permis la plantation d’un peu plus de 100 000 arbres de 87 essences natives sur 40 hectares de forêt dégradée. Deux semaines de sécheresse, due au changement climatique, ont causé la mort d’une partie des arbres, replantés en totalité entre janvier et février 2023.
En ce qui concerne la méthode de plantation, 2 500 arbres par hectare ont été répartis de manière égale entre deux groupes fonctionnels : couverture et diversité. Le groupe fonctionnel de "couverture" se compose d'essences à croissance rapide, telles que le coumarou (arbre à fèves de Tonka), qui feront de l'ombre aux herbes envahissantes et développeront la structure de la forêt, tandis que le groupe de "diversité" contient plusieurs espèces indigènes menacées, comme le noyer d’Amazonie ou l’acajou brésilien, qui s’épanouiront sous le groupe de "couverture" et assureront ainsi la résilience et la diversité de la forêt sur le long terme.
La qualité des activités de plantation est renforcée par les connaissances techniques et l’expérience solides de notre partenaire de terrain, le Centre d’études culturelles et environnementales de la région amazonienne Rioterra.
S’inscrire dans un cadre global : le CBCA
Plus largement, les parcelles à restaurer font partie des 900 hectares couverts par le Centre de Bioéconomie et de Conservation de l'Amazonie (CBCA). Les 40 hectares concernés par le projet s’ajoutent alors aux 170 hectares déjà restaurés par la CBCA. Cette initiative, la première du genre en Amazonie, vise à promouvoir le développement durable de l’Amazonie en diffusant des connaissances scientifiques et empiriques en faveur de la restauration de la végétation indigène de la forêt tropicale amazonienne.
Par conséquent, les travaux de restauration financés par Reforest'Action contribuent au progrès du CBCA et à l’enrichissement des données scientifiques qu'il diffuse. L’objectif final étant d’accroître au maximum les impacts environnementaux, sociaux et économiques de la restauration des écosystèmes forestiers, l’utilisation des résultats obtenus sera élargie à l’ensemble de la région amazonienne.
Les communautés, parties prenantes de cette nouvelle saison
Dans le cadre de cette dernière saison de plantation, des bénéfices sociaux tels que la création d'emplois et de revenus notamment, sont rendus possibles via l’inclusion des communautés locales dans le processus de restauration.
Pour assurer le développement optimal des activités, un partenariat a été conclu entre CES Rioterra et l’association locale de producteurs et de résidents. Les habitants de la région ont ainsi été invités à prendre part à une session de présentation des enjeux du projet, puis incités à participer aux différentes tâches. Ce sont 52 personnes qui ont finalement prêté main forte : 18 pour la production des plants, 3 pour la préparation du sol, 24 pour la plantation des arbres, 4 cuisiniers et 3 personnes en support et logistique.
Afin que le projet s’inscrive dans une véritable démarche de durabilité, CES Rioterra continue à travailler main dans la main avec les populations, qui seront les forces vives des actions de suivi et d’entretien des arbres plantés dans les années à venir. Au travers d’ateliers organisés par notre partenaire, les bénéficiaires du projet - au nombre de 31 - ont été formés à la préservation des parcelles restaurées, avec l’ambition qu’ils puissent atteindre un développement autonome et respectueux de leur environnement. Les activités sylvicoles, en plus de contribuer à l’amélioration de la situation socio-économique des populations impliquées, permettront également de sensibiliser les résidents et les agriculteurs à la nécessité de préserver la forêt amazonienne et sa biodiversité sur le long terme.