Le Biome de Fynbos, un trésor unique
Constituée de plus d'un million d'hectares, la Région florale du Cap englobe les chaînes de montagnes et les bassins versants montagneux de l’extrémité sud-ouest de l’Afrique du Sud. Mondialement reconnue pour sa flore endémique unique, considérée comme l’un des 35 points chauds mondiaux de biodiversité, la réserve renferme un véritable trésor végétal, toutefois menacé. Environ trois quarts des plantes sud-africaines inscrites sur la liste rouge de l’UICN y sont en effet recensées, soit près de 1 700 espèces végétales en danger d'extinction.
Des plantes qui jouent avec le feu
Le biome du Fynbos contient une flore endémique exceptionnelle dont le feu est un facteur d’évolution.
Nombreuses espèces du Cap sont pyrophytes, c’est-à-dire qu’elles possèdent un cycle de vie biologique qui repose sur le feu, ne fleurissant que lorsque les gousses de graines ont été activées par les flammes. Les incendies font partie intégrante du système biogéographique de la région et sont essentiels à la préservation de cette flore endémique, nommée « fynbos ».
Dans les basses terres et sur les pentes moins abruptes, plusieurs menaces pèsent toutefois sur cet écosystème naturel. D’une part, l'agriculture, dont les nouvelles technologies, engrais et cultures rongent régulièrement les réserves florales. D’autre part, l'utilisation abusive du feu. Les fynbos sont certes pyrophytes, mais les incendies trop fréquents ou provoqués par l’homme sans tenir compte des saisons de germination portent préjudice à certaines espèces. Le dérèglement climatique, les pratiques du pâturage et la gestion des incendies sont autant de facteurs qui influent sur leur dynamique.
Une restauration active source de résilience
Conduit sur le terrain par Breedekloolf Wine and Tourism, le projet financé par Reforest’Action s'inscrit dans des zones gravement touchées par la sécheresse et l’invasion de plantes exotiques. Des espèces comme le Port Jackson dominent les sites fraîchement brûlées car elles se régénèrent facilement en plein soleil et prennent le dessus sur la croissance des essences indigènes. Or, ces espèces invasives, gourmandes en eau, consomment jusqu’à 6 fois plus d’eau que les espèces indigènes. Leur expansion entraîne des régimes d'incendies forestiers non-naturels et, sans action humaine, le système ne pourra pas, sur le long terme, maintenir sa biodiversité et sa résilience.
Conscientes de la nécessité d'une restauration écologique, les autorités locales œuvrent pour rééquilibrer cet environnement. La restauration passive, une méthode simple basée sur le retrait des espèces envahissantes, a été jugée insuffisante par les scientifiques. Le projet adopte ainsi une démarche de restauration active, mieux à même de régénérer l’écosystème par la plantation d’espèces indigènes au cœur des zones préalablement défrichées.
Impacts socio-économiques et environnementaux
En partenariat avec le ministère de l'agriculture du Cap-Occidental et les communautés locales, notre porteur de projet Breedekloof Wine and Tourism (BWT) retire les espèces exotiques envahissantes des zones protégées depuis 2009 selon la méthode de la restauration passive. Afin de gagner en efficacité, le projet initié en mai 2021 repose quant à lui sur la restauration active via la replantation d’espèces indigènes au sein des zones vulnérables, au préalable nettoyées des espèces exotiques invasives.
Ainsi, 100 000 arbres issus de 36 espèces endémiques sont introduits chaque année dans le cadre du projet le long de la rivière Breede. L’objectif : restaurer la biodiversité et les banques de graines naturelles, réguler les systèmes d'eau, équilibrer les feux attendus, et ainsi d’améliorer continuellement la résilience écologique globale.
La vallée de la rivière Breede présente l’un des indices d'inégalité de revenus les plus élevés du Cap occidental, avec un taux de chômage de 14%. La création d'emplois est ainsi un enjeu majeur pour la région. La constitution d’une pépinière dans le cadre du projet permet, entre autres, de cultiver des espèces indigènes rares ou menacées, mais aussi d’offrir de nouvelles opportunités d’emplois. Aujourd’hui, 45 personnes travaillent directement sur le projet. Leurs tâches comprennent la collecte des graines et leur tri, la germination, la propagation, l'entretien des pépinières, la préparation des sites, la plantation des arbres et l'entretien de l'irrigation.
Situées au cœur de la Région florale du Cap, les zones associées au projet constituent un laboratoire vivant inestimable pour les scientifiques. Certains sites, nettoyés des espèces exotiques qui portaient préjudice aux plantes indigènes, seront utilisés à des fins de recherches afin d’explorer l’impact de l'invasion des espèces exotiques sur le sol, la biodiversité et la santé.