Kataba, Bignona, Ziguinchor - Sénégal
Mangrove
Reforest’Action s’associe à Karamba et BIOECO pour développer un projet multidimensionnel, dont le volet principal vise à planter 173 043 palétuviers pour restaurer la mangrove autour des communes de Kataba, Diouloulou et Kafountine.
Le projet s’implante au sein de la région de Ziguinchor, située au sud du Sénégal entre la Gambie et la Guinée-Bissau, marquée par une forte érosion de sa biodiversité à laquelle ont notamment contribué les conflits armés des années 1980 ainsi que l’explosion démographique. A cette catastrophe environnementale s’ajoute la salinisation des terres, c’est-à-dire l'accumulation des sels à haute teneur en sodium dans les sols à des niveaux toxiques pour la faune, la flore et la fonge. En résulte un abandon massif de ces terres, traditionnellement exploitées pour la culture du riz, qui deviennent progressivement infertiles et évoluent vers des espaces nus et stériles, impropres à toute activité agricole. Ce phénomène naturel est aggravé par le changement climatique et le recul des forêts de la région, y compris des écosystèmes de mangroves qui bordent le fleuve Casamance.
Volet majoritaire du projet, la restauration des mangroves vise à réduire l’avancée de la salinisation des terres littorales, et notamment des rizières, qui les rend impropres à la culture. La plantation de palétuviers (Rhizophora et Avicennia) permet également d’augmenter les activités économiques liées à la mangrove comme la pêche et la production de bois énergie pour la cuisson des aliments. Ces opérations, qui nécessitent une main d’œuvre importante, ont largement mobilisé les jeunes de la région entre février 2022 et février 2023.
Au sein de forêts naturelles dégradées, quatre essences sont replantées en enrichissement : le néré, l’acajou du Sénégal, le linké et le gmelina. Des plants d’anacardiers sont introduits en complément. Ces arbres à forte valeur ajoutée économique et résistants au feu, tiendront lieu de pare-feu contre les potentiels incendies de brousse. Le projet concerne également le reboisement des tannes. Ces marais maritimes, situés entre la mangrove et la terre ferme, peuvent être des tannes vifs (c’est-à-dire inondés) ou herbacés, selon leur localisation. Les actions de reboisement conduites dans le cadre du projet concernent les tannes anciennement herbacés et aujourd’hui mis à nu par le pâturage intensif du bétail, dans l’objectif de stabiliser ces écosystèmes et de restituer leur rôle crucial dans la lutte contre la salinisation des terres. Les trois essences plantées en plein (eucalyptus, filao et niawli) permettront à terme de régénérer le tapis herbacé.
Aux alentours de Kataba, les communautés locales dépendent de l’agriculture pour vivre au quotidien. Ils cultivent le riz, le mil, le maïs, le niébé et le sorgho. Les arbres plantés en agroforesterie dans le cadre du projet vont permettre aux agriculteurs de protéger leurs cultures et de générer des revenus complémentaires grâce à la vente de fruits sur les marchés locaux. Nos partenaires forment ainsi les producteurs locaux à la nécessité d’inclure les arbres comme composants à part entière de leur agriculture via la création de systèmes agroforestiers. Différentes essences sont introduites : des essences fruitières, parmi lesquelles le detarium ainsi que le néré (Parkia biglobosa), connu pour le jus extrait de ses fruits mais aussi pour ses usages médicinaux ; ces essences permettront de protéger les cultures sous-jacentes et de fournir aux populations locales des revenus complémentaires issus de la vente de leurs fruits et graines. Des essences à bois sont également plantées en agroforesterie, comme le gmelina, l’acajou du Sénégal (Khaya senegalensis) mais aussi le linké (Afzelia africana), une essence locale en voie de disparition. Ces essences permettront de mettre à disposition des communautés des ressources en bois d’œuvre et de chauffe et d’éviter ainsi les coupes au sein des forêts existantes. Le linké a de nombreuses applications en pharmacopée traditionnelle, et permettra également de produire du fourrage pour le bétail.
En parallèle, des programmes de formation sont déployés auprès des agriculteurs locaux. Ceux-ci sont notamment formés aux travaux de Régénération Naturelle Assistée (RNA) tels que l’identification des repousses naturelles et leur protection par l’usage de gaines contre le bétail et les feux de brousse..
Karamba est un groupement d’intérêt économique créé en 2015 par des experts et des techniciens sénégalais et français, qui ont travaillé plus de vingt ans dans l’aménagement des forêts et le reboisement, notamment dans la région de Casamance au Sénégal. Au sein des collectivités territoriales sénégalaises, Karamba apporte son appui à plusieurs projets dans le domaine de la gestion forestière. Dans le cadre du projet de Kataba, Karamba assure la coordination, le suivi et l’évaluation technique du projet ainsi que des formations techniques auprès des communautés locales. Bioeco est une société française qui intervient auprès de bureaux de consultants dans le cadre des projets forestiers et notamment de reboisement paysan. Dans le cadre du projet de Kataba, BIOECO assure une évaluation technique et financière et des appuis techniques temporaires. Karamba et BIOECO ont apporté leur expertise à plusieurs projets de reforestation en Afrique (Sénégal, Sierra Leone, Congo, Madagascar).
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